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    YEELS STORY II : Que les galères commencent !

    Voici la suite, j’espère que vous êtes bien installé, car vous risquez de rigoler ! Pas de langues de bois, pas de chichi, rien que la vérité car je pourrais vous dire que tout est facile que j’ai fait ça easy mais PAS-DU-TOUT. Je vous laisse lire la suite, bah oui Je ne vais pas tout vous spoiler…

    Comme je vous disais dans mon dernier article, j’ai donc fait appel à mes contacts pour savoir s’ils connaissaient des gens sérieux capables de me mettre sur les bons rails. Un de mes associés dans une de mes agences immobilières me parle d’une très bonne amie (le terme est important car au final les « amis » sont les pires dans ce milieu) qui travaille au sentier et qui « connait tout » !

    Me voilà refait, je suis hyper excité, je bloque un rendez-vous ultra rapidement dans ses bureaux. Stephanie (de son vrai prénom) écoute mon projet pendant plus d’une heure, me pose de très bonnes questions sur mes envies, la confection, la matière, etc… D’ailleurs beaucoup de ses questions étaient légitimes et je n’avais pas de réponses bien claires, cela m’a permis de creuser et d’arriver bien plus tard à ce que Yeels est aujourd’hui…

    Nous faisons pas loin de quatre ou cinq rendez-vous entre son bureau et des restos. Chaque rendez-vous est convivial, pro et on arrive par se mettre d’accord, sur son rôle, ce qu’elle m’apportera, ce que je veux, etc…

    En l’occurence elle devait me faire les prototypes en partant de mes croquis, suivre mes envies, faire des tests matières afin de voir la résistance, l’évolution dans le temps, les différents lavages et être le relai avec l’usine. Bref, tout ce qui peut tourner autour d’une création de ligne de vêtement.

    Son tarif est élevé, très élevé même, mais je me dis qu’elle m’apporte un savoir faire, des contacts, une logistique qui va me permettre de gagner du temps et surtout de mettre un pied dans la mode en lançant les premiers modèles.

    Après plus d’un mois je reçois les premiers protos (oui terme technique que les gens du métier adorent employer pour dire prototypes – moi je disais les joggs haha).

    Comment dire qu’a ce moment là, je me demande si je ne suis pas tombé dans le film « La vérité si je mens » ! (Spoiler alert : je vais y tomber mais bien plus tard.) Les joggs ne sont pas droits, les coutures ne correspondent pas, les jambes ne sont pas de la même longueur et je ne peux même pas tout mettre tellement il y en a ! Je regarde Steph, dépité mais elle, ultra sereine, me passe de la pommade en m’expliquant que cela est normal, que ce sont les premiers échantillons c’est justement fait exprès.

    S’il a fallut un mois pour faire ça, j’aurais pu le faire en trois jours vu la m*rde que c’était (je rigole en l’écrivant car vraiment si vous aviez vu le spécimen.. pardon le proto !) je vous mets des photos, histoire qu’on rigole ensemble…

    Elle arrive donc à m’endormir et on fait toutes les corrections (environ 5 pages d’annotations, croquis, dessins) et ça repart à l’usine (je précise l’usine se trouvait au Portugal, du coup en confiance, pas un pays chelou, lointain, ou pire un pays où tu ne peux même pas aller voir l’usine pour vérifier la qualité de la confection).

    On avait dealé avec Steph qu’à la réception des premiers protos elle percevrait 40% de sa facture (ça pareil je n’y connaissais rien et pour moi c’était l’ami de mon associé, enfin ancien associé, car je pense qu’ils se sont fait un gros billet sur ma gueule). Je lui règle sa facture comme convenu et attends les deuxièmes protos.

    Trois mois se passent et ils n’arrivent pas, elle me dit que l’on est trop petits et que tous les gros comptes de l’usine The Kooples – Zara – Sandro et j’en passe sont prioritaires. (Comment ne pas te mettre en confiance avec des noms comme ceux cités !) Quelques semaines plus tard ils arrivent, les coutures sont biens, les lignes colorées pas trop mal ( entre temps j’ai voulu que les bandes soient cousues pour que ce soit plus qualitatif) mais la qualité du tissu n’est pas bonne ce n’est pas ce que je veux.

    Steph recommence toutes les annotations pour l’usine et ça repart pour 2 mois… Ils arrivent enfin ! Je suis tout excité car ça doit être les derniers, les définitifs (vu tous les retours que j’ai eus avec Steph). Là j’ouvre le colis et c’est vrai qu’ils sont biens, en tout cas rien à voir avec ce que j’avais pu recevoir, mais le tissu ne me convient pas : il est trop fin et pas assez résistant je pense. Steph tente de me rassurer sur sa qualité mais je ne le sens pas du tout… Je commence à douter de l’usine, de Steph, de tout le projet…

    Deuxième prototype de yeels, déjà mieux - mais pas dingue.
    Deuxième protos, déjà mieux – mais pas dingue.

    Je devais faire une vidéo de présentation de la ligne pour envoyer à des agents que Steph connaissait et pour que les boutiques puissent commander. (Je précise : sur ses conseils. Elle avait l’habitude de faire comme ça).

    Toutes les équipes étaient programmées – les mannequins avaient bloqué leur journée et pour moi impossible de planter quelqu’un alors tant pis on tentera de faire au mieux.

    Steph est là, elle m’a trouvé le lieu, elle m’aide pour mettre les vêtements en avant sur les modèles (franchement là-dessus, rien à dire). La journée de tournage est top, on arrive à faire des trucs sympas. À ce moment, Steph me dit qu’elle a eu l’usine au téléphone, que toutes les modifs sont bonnes et qu’on peut passer la commande pour tout produire.

    La commande ????!!! On a même pas le produit fini définitif en main, comment veux-tu passer les commandes ? Elle me répond en totale confiance : « Ne t’inquiètes pas c’est comme ça dans la confection. Tu commences les prises de commande, de réservations et tu fais les derniers ajustements sur le tas… ». Je repars chez moi pas convaincu et assez flippé.

    Je fais la video de présentation, qui franchement rend vraiment pas mal malgré tous les aléas, et elle l’envoi à tous ses contacts.

    La vidéo Yeels

    Petite parenthèse elle me demande 40%, les 20% restants seraient versés lors des premières commandes.

    J’ai deux agents qui me contactent suite à la video, ils sont en charge des boutiques de l’ouest et du sud de la France. La ligne les intéresse, mais à un prix tellement ridicule que j’explose de rire au téléphone.

    Alors, il faut savoir (chose que j’ignorais également) si vous voulez passer par un agent, celui-ci doit toucher les vêtements au prix le plus bas possible puisqu’après il les place dans des boutiques en prenant une marge et les boutiques doivent marger également, du coup le prix explose.

    Pour ma part, à ce moment là, les agents c’est réglé ! Ce sera no way !

    J’ai des boutiques en Australie et aux Etats-unis qui sont aussi très intéressées par la vidéo, ils sont prêts à passer commande directement et pas des petites quantités !

    Lorsque j’annonce cela à Steph, elle crie au téléphone, elle me dit que ça y est j’ai réussi, que je rentre par la grande porte car c’est très rare pour une marque d’avoir des pays étrangers qui s’intéressent à elle et qui sont prêts à passer commande sans avoir vu les vêtements sur des salons de professionnels du secteur. Elle m’explique comment faire, me donne les bons de livraison à remplir, me briefe sur les acomptes à demander et comment les prendre, c’est nickel au millimètre près ! MAIS (car là pour le coup il y a un gros MAIS), je ne le sens pas du tout. Je vais prendre des contrats de réservation à des gros groupes étrangers alors que je n’ai pas eu le produit définitif en main, je vais m’engager sur un cahier des charges alors que l’usine n’a pas réussi une seule fois à le faire ?

    Steph tente de me rassurer une énième fois et me pousse en m’expliquant que ça se fait souvent, qu’il y a pas d’inquiétude à avoir et qu’en plus avec les acomptes que j’aurais, je pourrais déjà travailler sur plusieurs nouvelles collections..

    J’ai toujours eu une bonne étoile au dessus de la tête et autant je peux être fonceur, autant lorsque je le sens pas c’est mort ! Mon instinct est ultra important et je me fais assez confiance pour ne pas prendre de risque inutile. J’ai tout arrêté en expliquant au groupes étrangers que je n’étais pas prêt (ce qu’ils ont apprécié).

    Steph, n’a pas apprécié et nos relations sont devenues beaucoup plus tendues car elle ne comprenait pas et m’en voulait que je puisse refuser des gros comptes étrangers, « dans le métier ça ne se fait pas ». Et bien tant pis, moi je l’aurais fait.

    Quelques jours après, je lui demande d’avoir le produit définitif en main et au bout de quatre mois, malgré des relances toutes les semaines, je n’ai toujours rien. Elle avait tenté de m’expliquer que c’était de ma faute car l’usine avait fait de gros efforts pour me faire les protos et que le fait que je refuse un tel contrat l’avait refroidie, mais encore une fois y’avait un truc que je ne sentais pas.

    Je décide de suivre mon instinct et de contacter directement l’usine. Je tombe sur une dame d’une soixantaine d’années qui m’explique qu’elle a dû vendre son usine à un gros groupe mais qu’elle était toujours employée pour faire la liaison avec les nouveaux propriétaires. Mais surtout qu’elle a besoin d’argent. Vous imaginez ma tête lorsque je découvre que ça risque d’être ultra compliqué.

    Je lui parle de ma problématique, du fait que je suis super à la bourre dans mon projet, que j’ai investi énormément d’argent et que je n’ai rien au final au bout de presque un an.  Elle me répond très calmement qu’elle comprend tout à fait mais qu’elle a été ultra gentille et patiente avec Stephanie et qu’elle lui a dit il y a déjà plusieurs mois que tant qu’elle ne payait pas sa facture (pour une ligne qu’elle avait elle même lancée quelques mois avant), elle ne ferait plus rien pour YEELS. À ce moment tout s’éclaire, je reste assis et tout ce que Steph à pu me dire, tout se remet dans l’ordre (vous avez vu le film Usual Suspects ? la même ! Steph c’est Keyser Soze). Je me rends compte que j’ai pris une douille ! Mais une belle bien comme il faut ! Je lui demande au passage à combien s’élève sa facture (dans ma tête je me dis que c’est le montant qu’elle m’a demandé mais non, c’est presque 100 000 €). Les bras m’en tombent, je suis sur le cul et en même temps tellement désolé pour cette dame, elle me raconte que l’usine l’a menacée de la virer si elle ne récupérait pas la somme et je comprends que Steph a juste gagné du temps en se servant de moi comme appât. 

    Quelques jours passent, je ne réponds plus à Steph, je fais le mort. Je remets tout en question puis je rappelle la dame de l’usine pour avoir quand même la marchandise mais en passant en direct. Steph ne fait plus partie de l’aventure.

    Elle m’explique qu’elle ne peut pas sortir les vêtements car elle n’a rien, mis à part mes dessins de départ, et les retours après chaque envoi. Je comprends mieux pourquoi tout était mal taillé, elle n’a aucun tableau de mesure, aucun dossier sur le sourcing des matières. Elle a pu se débrouiller grâce à son expérience  !

    Du coup plus d’un an de passé, beaucoup d’argent investi pour rien au final. C’est un retour à la case départ !

    La suite n’est pas la plus interessante, du coup je vais vous la faire très courte : j’ai pendant six mois travaillé avec cette vieille dame car je n’arrivais pas a concevoir qu’elle avait perdu son usine créée 30 ans auparavant et qu’elle risquait de perdre son emploi à cause de Steph..

    Pendant 6 mois les produits s’amélioraient mais il y avait toujours un problème dans la matière ou dans la qualité et au bout de six mois j’ai dû prendre une décision très compliquée mais indispensable si je ne voulais pas moi-même perdre trop d’argent.

    J’ai appelé Magda pour lui dire que je n’avais pas d’autre choix que de stopper ici, même si cela était à contrecoeur. À ma grande surprise elle m’a remercié d’avoir continué avec elle et de lui avoir laissé une chance, elle s’est excusée pour tous les problèmes qu’il y avait pu avoir et m’a souhaité bonne chance pour la suite.

    Lorsque j’ai sorti officiellement YEELS elle m’a envoyé un message pour me dire qu’elle avait vu le site, les produits et qu’elle adorait !

    Nous sommes toujours en contact, je prends quelques nouvelles de temps à autre et elle travaille toujours dans l’usine, mais à mi-temps car sa santé ne lui permets plus de faire plus.

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